Une soirée champagne !
Qui eut dit que les vieux murs d’une commanderie templière se réveilleraient un jour habités de chanteurs–acteurs vivant les péripéties amoureuses d’un Mozart de 26 ans tout de grâce et de virtuosité ? Ce pari de Labeaume en musiques il fallait que ce soit celui de la finesse, de la légèreté, une action bondissante, un parcours de funambule éclairé.
Pas de décor autre que les pierres, les fenêtres à meneaux, et tous les espaces de la cour d’honneur où s’inscrivent en tâches de couleurs vives des costumes somptueux. Alors que s’élèvent les notes du piano, redoutable partition menée de bout en bout avec maestria par une frêle jeune femme Elsa Cantor, on assiste aux péripéties qui mêlent gravité, émotion, et situations comiques incarnées par des voix de cristal ou de bronze :
Claire Nicolas, Constance, si humaine, si déchirée, si émouvante dans des airs que le divin Mozart savait rendre si redoutables à l’interprétation et si beaux à l’écoute ;
Mathieu Justine superbe Belmonte ténor conquérant du geste et de la voix tout en élégance ; le duo Pedrillo (Vincent Laloy) – Blondine (Clémence Levy) mutins, drôles, jouant aussi bien de la voix que du geste et le terrible Osmin (Vincent-Arnaud Gautier) qui trouve dans sa belle voix de basse les éclats de colère propres à la dramaturgie.
Le tout mené par un Philippe Forget, pacha régnant sur les lieux et accordant son pardon suprême. Et mis en scène par Mathieu Lebot Morin qui a superbement utilisé les lieux pour les faire vivre, entre passé et présent, avec imagination et subtilité en écrin de la musique mozartienne. Paroles et chants en français, clair, bien écrit, sans fioriture et dont on retrouve quasiment chaque mot dans la voix des interprètes.
Oui, c’est une soirée champagne ! Eric Fonteaulière