Celle-ci ne chante pas encore : elle vient tout juste de sortir de sa peau nymphale, après avoir passé plusieurs années en terre…
Mais s’il est un insecte que l’on ne trouve nulle part ailleurs que dans nos bois, c’est bien la Cétoine bleue (Eupotosia mirifica pour les savants).
Le bois de Païolive (et ses environs) est en effet le dernier site en France, l’un des derniers sur le pourtour méditerranéen, où se rencontre encore cet insecte témoin de la faune des grandes forêts de chênes qui ceinturaient la grande bleue il y a environ 12 000 ans. Païolive est donc un important réservoir de biodiversité, un lieu original où subsistent des espèces rares, un site patrimonial de premier plan.
Presque aussi rare que la cétoine bleue, l’étrange Magicienne dentelée (Saga pedo) dont on ne connaît pas le mâle. Comme pour quelques autres insectes la reproduction se fait par parthénogenèse. Ouvrez l’œil, vous la distinguerez peut-être à l’affût dans quelque plante basse. C’est un ogre ! Qui tombe entre ses pattes armées ne s’en remettra pas !
_ Et ce n’est pas le seul « alien » de la garrigue ! La banale mante religieuse
et l’étrange empuse au bonnet d’évêque lui disputent la palme de la férocité carnassière…
Gros appétit aussi pour la modeste Cétoine dorée et ses cousines la Cétoine cuivrée,
les petites cétoines funestes
et la cétoine noire, mais régime végétarien. Et dans certains cas, les dégâts peuvent être importants. En effet, contrairement à la solitaire cétoine bleue, celles-là dévorent en famille !
Gros mangeur aussi, ce proche cousin du criquet pèlerin qui dévaste périodiquement l’Afrique : le Criquet égyptien qui séjourne chez nous à longueur d’année.
Bien bruyante cette famille de la sauterelle ! Si la cigale marque de son chant les chaudes heures du jour, c’est à la nuit tombée que la famille se déchaîne.
Bien savant qui distinguera le chant de ces noctambules que sont
phanéroptères,
porte selle,
barbitistes et autres orthoptères.
Dans la série « j’ai 6 pattes et je fais du bruit quand on m’embête », le spectaculaire Hanneton foulon hante encore les réverbères estivaux. Mais pour combien de temps encore ? On le rencontre de moins en moins souvent…
Si fréquent autrefois au point d’avoir reçu le sobriquet de jardinière, le Carabe doré se fait aussi de plus en plus discret. Dommage pour nous que la raréfaction de ce gros mangeur de limaces !
Plus « vieux bronze » que doré, le grand bupreste revendique le titre de bijou volant des pinèdes.
Dans la série « moi aussi, je suis de plus en plus rare », l’impressionnant Grand paon de nuit, plus grand papillon d’Europe, également amateur de réverbères en début mai.
Tout aussi impressionnante, sa chenille. Sa couleur orangée signifie qu’elle va bientôt s’enterrer pour tisser son cocon et y rester… jusqu’à 7 ans (souvent moins quand même) avant d’éclore, superbe papillon de nuit, pour ne vivre qu’une dizaine de jours sans se nourrir, puis se reproduire et mourir…
Autre chenille de belle taille : celle du sphinx de l’euphorbe qui se prélasse en fin d’été sur cette plante. Bien d’autres insectes ne doivent leur survie qu’à leur art du camouflage. Celle-ci, au contraire montre à tous ses magnifiques couleurs. Oui mais voilà : la plante qu’elle consomme est tellement toxique que les amateurs de chair fraîche y regardent à deux fois !
Côté défense, la nature ne manque pas d’imagination. Le blindage de ce coléoptère sera-t-il suffisant pour lui garantir la vie sauve ? En tout cas, il suffira à lui valoir le nom de… Rhinocéros.
Encore un habitué des défenses guerrières, le Lucane au vol lourd, autrement appelé cerf-volant.
Autre coléoptère au vol lourdaud, le Grand Capricorne, est protégé par les conventions internationales. L’un de ses cousins n’est pas le bienvenu dans nos charpentes, mais lui ne s’attaque qu’aux chênes sur pied.
Et puisque l’on parle des perceurs de galeries dans les vieux bois, bienvenue au Xylocope, ce proche cousin de notre bonne abeille. Sa larve est digne de M. Bienvenue qui perça le premier métropolitain de Paris !
Dans le genre peu recommandable, la famille se complète de la belle guèpe bien de chez nous (on préfère la voir dans son nid que dans notre assiette)…
…et de l’infréquentable frelon
Mais cessons de médire sur ce monde à 6 pattes. Sa beauté vaut bien qu’on lui concède quelques espiègleries. Place aux mille papillons et aux libellules qui fleurissent nos promenades, des premiers soleils de février aux derniers éclats de novembre.
Le citron de Provence
L’aurore de Provence
La libellule déprimée
Le flambé
L’anax
La grande tortue
L’ascalaphe
Le nacré
La mélitée
Le tabac d’Espagne
La libellule écarlate
Le gazé
L’écaille villageoise
Le sphinx fuciforme…
et bien d’autres !