A Berrias, le Maire, Louis Bastide de Malbos, appelle à un vaste rassemblement d’élus et de gardes nationales dans un souci d’apaisement et de fraternisation. Qui est Louis Bastide de Malbos ? Il est né en 1743 à Berrias.
C’est son père Louis Bastide qui achète les droits seigneuriaux à la marquise de Chambonas et devient ainsi Louis Bastide seigneur de Malbosc. En 1770 il épouse Marie-Marguerite Aubert à Aubenas, fille d’une famille protestante. Il vient habiter Berrias en 1776. A la Révolution il prend le nom de « Bastide ci-devant Malbos ». L’un de ses frères se réfuge à Berrias en 1790 lors des évènements de Nîmes au cours desquels plus de 300 catholiques sont massacrés par des protestants ; l’autre participera aux camps de Jalès en 1790 et 91 puis émigrera.
Louis Bastide de Malbos est un homme riche et cultivé. Il est apprécié de tous à tel point que dans l’affaire des masques armés, il est sollicité pour faire partie du « Bureau des pacifications ». Rappelons que l’affaire des masques armés est un mouvement local de révolte populaire contre les notaires et les usuriers. C’est visiblement un homme qui inspire la confiance, un homme qui met l’amour de la religion et de la patrie sur le même plan. Légaliste, il est exigeant avec lui-même comme avec les autres. Après le massacre de Nîmes, conscient du malaise qui règne dans la région, il prend l’initiative de réunir les gardes nationaux pour une grande manifestation au cours de laquelle on jurerait à nouveau fidélité au roi, à la loi et à la nation : c’est le 1er camp de Jalès.
Mais, sous l’influence de catholiques désireux d’en découdre avec les protestants du Gard, ce rassemblement change d’orientation et les meneurs décident de se constituer en comité permanent garant de cette orientation. Ce comité sera déclaré hors la loi, ce qui n’empêchera pas Malbos de continuer à le réunir. La constitution civile du clergé étant mise en application, Malbos réunit à Berrias les chefs des légions catholiques.
Des heurts entre catholiques et protestants à Uzès en 1791 vont amener le comité à prendre les armes, soutenu par des contre-révolutionnaires aidé des paysans inquiets. Malbos, se rendant compte que le mouvement va devenir une lutte contre la Révolution, se retire. Quand l’armée du Directoire de l’Ardèche arrive, elle l’arrête chez lui. 22 communes signent alors une pétition pour sa libération.
Sa mort à Pont Saint Esprit en 1791 quelques semaines après son arrestation reste une énigme. Accident ? Suicide ? Vengeance contre celui qui était resté patriote ? L’histoire nous le dévoilera peut-être un jour…