1792, le Comte de Saillans et le 3e camp de Jalès

Jeudi 13 juin 2019
Louis XVI

Après la mort de louis Bastide de Malbosc ce sont les contre-révolutionnaires qui prennent le commandement du comité de Jalès.

Parmi eux le curé de chambonas Claude Allier. Il souhaite renverser le régime en place, rétablir la religion catholique et le roi de France. Allier est en relation avec les princes émigrés qui souhaitent un soulèvement dans le midi de la France pour revenir au pouvoir et promettent leur aide. Le comte de Conway, maréchal de camp d’origine irlandaise, est désigné par les Princes, frères du Roi, comme commandant en chef de cette armée afin d’ y décider en leur nom des opérations qu’il jugera possibles. Le comte de Saillans est son adjoint.

Armoiries du Comte de Saillans

Ce n’est pas un inconnu : il a déjà tenté de soulever son régiment à Perpignan en 1791. Il connaît le pays puisque sa garnison était à Largentière lors du 2e camp de Jalès.

Le Comte de Saillans

Nommé commandant en second sous les ordres de Conway, il oublie rapidement cette subordination et se fait rappeler à l’ordre par les Princes qui lui écrivent : « Nous avons été surpris Monsieur de voir arriver ici un officier de votre part, sans les ordres et même sans permission de monsieur le comte de Conway. Vous avez oublié que l’officier général que nous avons revêtu de l’autorité du Roi en est le seul dépositaire ; que nous ne voulons recevoir des projets que par lui et que vous devez obéir à ses ordres dans tous les cas. » Pourquoi cette remontrance des frères du roi ?

Le château de Banne avant sa prise par Saillans

Saillans impatient d’intervenir, comptant sur les 20 000 hommes que lui a assurés Allier, n’attend pas les ordres des princes et de Conway et se décide à déclencher l’insurrection en attaquant le château de Banne le 4 juillet 1792. La garnison cède rapidement, Saillans se retrouve maître de la plaine et des paroisses environnantes avec 1200 hommes sous son commandement. C’est sans compter sur la réaction des autorités, qui, avec des troupes toutes proches, vont se lancer à la poursuite des soldats de Saillans.

La prise de Jalès

La répression est menée par des troupes du Gard et de l’Ardèche dès le 11 juillet. Les hommes de Saillans sont massacrés, le village de Saint-André de Cruzières est incendié, ainsi que Jalès, Saillans ne tient plus que Banne. Le 12 juillet, acculé, Saillans tente de fuir en Lozère mais il est arrêté et emmené aux Vans avec quatre autres de ses hommes. Ils sont massacrés à coups de sabre, la tête de Saillans sera transportée au bout d’une pique jusqu’à Largentière.

Le fort de Banne après sa démolition

Le fort de Banne sera démoli.
Il faut noter que ces « Camps de Jalès », peu évoqués dans nos manuels d’histoire, ont eu un retentissement considérable à l’époque jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Il y est même fait allusion dans l’acte d’accusation de Louis XVI. Dans ce décret, sur 33 articles, 6 portent sur les tentatives de soulèvement dans le midi de la France et sur l’action des princes émigrés. En voici l’article 11 :
« Article 11. Nîmes, Montauban, Mende, Jalès, avaient éprouvé de grandes agitations dès les premiers jours de la liberté ; vous n’avez rien fait pour étouffer ce germe de contre-révolution, jusqu’au moment où la conspiration de Dussaillant a éclaté. »
Il s’agit bien du Comte de Saillans dont le nom a été « roturisé » !

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