Le jour se lève à peine quand la troupe de cavaliers en armes surgit dans la commanderie alors que chacun vaque à ses occupations religieuses ou profanes. Nous sommes le 13 octobre 1307 et le roi de France Philippe le bel a monté une vaste et minutieuse opération de police.
Ce matin-là, tous les templiers de France sont arrêtés. Ici, ils sont 5 qui seront interrogés à Alès puis transférés à Montpellier pour y être jugés. Les raisons de l’arrestation des Templiers sont multiples. Depuis la perte de Saint Jean d’Acre et la fin des Etats latins d’Orient il y a 16 ans, en 1291, le rôle de défenseur de ces territoires que remplissaient les ordres religieux militaires a perdu sa raison d’être.
Les Templiers, après un court séjour à Chypre, ont cessé toute activité militaire, sont rentrés dans leurs commanderies d’Occident et se consacrent à la gestion de leurs domaines. C’est là leur vrai trésor. On compte en effet environ un millier de commanderies en Europe dont 800 en France.
Cette richesse fait bien des envieux et attire les regards de Philippe le Bel en difficulté d’argent. Il faut aussi rappeler que le roi est en conflit ouvert avec la papauté dont dépend exclusivement l’ordre du Temple. L’arrestation des Templiers est sans doute un dégât collatéral de ce conflit. Ajoutons à cela que les Templiers, après avoir été portés au pinacle par l’opinion publique pendant un bon siècle, sont au contraire l’objet de critiques populaires virulentes.
On les soupçonne de mœurs contraires à leurs vœux, de sorcellerie, de pratiques hérétiques… Ajoutons enfin que le roi de France a souhaité leur fusion avec les « Hospitaliers de St Jean de Jérusalem », un autre ordre religieux militaire moins déconsidéré et que le grand maître des Templiers, Jacques de Molay, refuse obstinément cette éventualité.
On connaît la suite : après deux procès, l’un civil, l’autre religieux, le pape Clément V abolit l’ordre des Templiers le 22 mars 1312. Durant toute cette période, de 1307 à 1312, la commanderie de Jalès comme toutes les commanderies de France sera administrée directement par le pouvoir royal avant d’être confiée, moyennant finances aux hospitaliers de St Jean de Jérusalem.